La paroisse Sainte Hélène en quelques dates

« 1934-2004 », 70 ans d'une paroisse,
70 ans d'une présence chrétienne dans un quartier populaire de Paris : quelques dates

1934....La « zone » privée d'église
Aux portes de Paris, des familles d'ouvriers et d'employés habitent, dans les
années 30, le quartier qui constitue aujourd'hui la paroisse Sainte-Hélène.
Ils y côtoient la "zone", selon l'expression de l'époque : les terrains
vagues, sur les anciennes fortifications, et où s'entasse une population
misérable, souvent d'origine étrangère: "la zone, synonyme de bouge, de
repaire pour beaucoup, formant un quartier tout à fait à part, et considéré
comme vaguement inquiétant. Pour ceux qui ont le courage d'y pénétrer, elle
était plutôt synonyme de misère, de détresse sans nom, s'abritant dans des
villages de cauchemar", écrit une journaliste à l'époque, décrivant les
logements fait de débris disparates, "bois de toutes sortes, caisses,
tonneaux, toiles cirées...", où vivent tant bien que mal des Italiens,
Espagnols, Portugais, Russes, Arméniens, mis à l'écart par le reste des
parisiens, et accusés d'être responsables de tous les maux d'une France
touchée de plein fouet par la crise économique de 29.

"Par la grâce d'une cornette entêtée"
Une religieuse, sœur Gabrielle, pénètre souvent dans la zone,
pour soigner enfants et parents. Vers 1932-1933, elle attire l'attention de l'archevêché
sur ce coin de Paris, ce quartier délaissé de tous, et en premier lieu de l'Eglise
catholique. Son entêtement et la mobilisation des habitants seront payants :
Le quartier est inscrit d'urgence dans les priorités des chantiers du cardinal,
une institution que vient justement de créer l'archevêché pour bâtir des
églises dans les quartiers populaires.
Le 3 juin 1934, le cardinal Verdier vient en personne ériger Sainte-Hélène en paroisse.
Une Eglise présente au quartier
Dès le début, la communauté chrétienne de Sainte-Hélène joue un rôle social
dans le quartier : patronages pour les enfants, et pour les parents, Union
familiale dans la tradition de l'Action catholique,.... Grâce au patronage, les
gamins de Paris peuvent sortir de leurs rues pour partir en colonie. Au
cœur de la zone, une équipe de Jocistes (Jeunesse ouvrière chrétienne)
accueille les jeunes travailleurs.

1957 : « Tonio », le bus formidable
Après guerre, le patronage a pris de l'importance, et il n'est pas toujours
facile de faire jouer les gamins dans la cour trop petite. Grâce à quelques
habitants du quartier, Jacques Antoine, responsable des jeux radiophoniques
sur Europe 1, lance un appel à l'émission "C'est formidable", pour récolter
de l'argent permettant d'acheter un bus qui puisse transporter les enfants
du patronage dans Paris et en dehors.
Avec Pierre Bellemare au micro, les habitants du 18ème se mobilisent.
Le curé a pu acquérir un bus, que l'on baptisa « Tonio »... en l'honneur de
Jacques Antoine.
L'inauguration de « Tonio » fut présidée par les acteurs bien connus de l'époque :
Raymond Souplex et Odette Laure.

Juin 2004 : une paroisse toujours ancrée dans son quartier de la porte de Clignancourt

Aujourd'hui encore, les chrétiens de Sainte Hélène sont attachés à un
quartier qui reste l'un des plus populaires de la capitale: un taux de
chômage de 22% (moyenne de Paris de 12%), un pourcentage de diplômés
inférieur (10,5% de Bac +2 et au delà, contre 38,5 % dans la capitale en
moyenne), et 17% d'étrangers.
Au sein de la communauté chrétienne de la paroisse Sainte-Hélène, près de 40 nationalités se retrouvent, le dimanche, pour prier
ensemble. Un week-end par an, une Fête des nations marque l'importance de cette diversité culturelle.
La communauté qui rassemble plus de 200 personnes chaque
dimanche est animée par un conseil pastoral et quatre prêtres. La paroisse
est depuis un an confiée aux Fils de la Charité, une congrégation fondée en 1918 particulièrement tournée vers les milieux
populaires (voir Fiche 4). Catéchisme, aumônerie, groupe de la JOC et troupe scoute accueillent chaque semaine les jeunes. Les
adultes ont leur propre lieu de formation, avec une Ecole de la
Foi. Des équipes lisent ensemble la Bible. Les chrétiens s'impliquent dans
la vie locale - l'aumônerie des jeunes et « Regard Neuf » (mission ouvrière)-
et participent au conseil de quartier. Tous les samedi matin, un accueil propose
une aide administrative à ceux qui en ont besoin, et l'association "un toit
pour tous" essaie d'aider ceux qui ont des difficultés de logement.
Une manière de poursuivre une tradition vieille maintenant de plus de 70 ans...
Depuis septembre 2003, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris a confié la paroisse Sainte-Hélène, dans le 18ième
arrondissement de Paris, à une équipe de Fils de la Charité.

Qui sont les Fils de la Charité aujourd'hui ?
Les cent quinze Fils de la Charité de France sont avant tout des religieux. Ils vivent avec simplicité en petites communautés afin de
croire ensemble, aller à Dieu ensemble, et vivre ensemble l'Evangile.
Ils le vivent à leur manière, dans la foi que le Dieu de Jésus est particulièrement proche des pauvres, des humbles, de « ceux qui
n'ont personne».
Dans cette « charité » de Dieu s'enracine la leur. Une de leurs pages préférées de l'Ecriture est « le bon pasteur, qui aime ses
brebis, les connaît et qui a la hantise de celles qui sont blessées ou perdues ».
Cette relation à Dieu qu'ils expérimentent dans leurs propres pauvretés, ils ont à cœur de la proposer dans ces lieux de fractures
de la société française actuelle que sont les quartiers populaires des agglomérations urbaines. Là se croisent des foules bigarrées
qu'ils chérissent particulièrement : peuples de travailleurs, de précaires ou de très pauvres, venus de tous les horizons de la
planète. Ils les chérissent particulièrement et ils sont témoins de leur valeur.
Leur manière, c'est de construire et d'animer dans des quartiers populaires et des cités sensibles, des communautés chrétiennes
accueillantes et ferventes, témoins d'une foi engagée, ouvertes et partenaires avec les acteurs de leur ville. Quelques-uns ont aussi
un ministère de prêtre ouvrier, d'aumônier de prison ou d'hôpital. Tous sont au plus près de ce peuple auquel Dieu nous envoie.
Pour eux, évangéliser c'est « être à eux » au point que rien de ce qui les atteints ne leur soit indifférent et permettre à chacun, aux
jeunes en particulier, de faire l'expérience spirituelle de ce Dieu qui humanise.

L'équipe actuelle des « Fils » à Sainte Hélène comprend : les Pères Jo de Mijolla, Michel Retailleau et Alain Ollivier.